Promesse d’ongles parfaits, prix défiant toute concurrence, ambiance feutrée… Derrière cette façade séduisante, de nombreux salons de nail art parisiens cachent des pratiques douteuses : arnaques tarifaires, produits nocifs, hygiène approximative et techniques agressives. Certaines clientes ressortent avec une addition salée, d’autres avec des infections, voire les deux. Enquête.
Dans les rues de la capitale, les salons de manucure rivalisent d’offres alléchantes. Mais derrière ces prix affichés, de nombreux établissements appliquent des frais additionnels qui font grimper la facture finale. Longueur des ongles, nail art plus complexe que prévu ou encore soins « obligatoires » viennent s’ajouter sans avertissement préalable. Sophie, 27 ans, témoigne : « J’avais choisi une pose de vernis semi-permanent affichée à 30 euros. Une fois la prestation terminée, on m’a facturé 50 euros, prétextant que mes ongles étaient trop longs et nécessitaient plus de produit. Même si ce hors forfait n’était présent nulle part dans le salon, elle m’a obligé à régler le surplus… »
L’addition peut également se payer autrement. L’exposition prolongée à certains composants des vernis et gels peut s’avérer nocive. Phtalates, formaldéhyde et toluène, présents dans certains produits non conformes aux normes européennes, sont pointés du doigt pour leurs effets néfastes sur la santé : réactions allergiques, affaiblissement des ongles et, dans certains cas, troubles hormonaux. Monique, 62 ans, en a fait les frais : « J’ai eu une allergie sévère après une pose de gel dans un salon du 10e arrondissement. Mes ongles ont commencé à se dédoubler et ma peau a réagi avec de fortes démangeaisons. Mon dermatologue a confirmé que c’était lié aux produits utilisés. Pourtant, la manucure m’avait assuré qu’ils étaient de ‘‘qualité professionnelle’’. »
Le contrecoup de l’hygiène
Au-delà des composants chimiques, l’environnement même de certains établissements laisse à désirer. Le respect des normes sanitaires est une autre pierre d’achoppement. Instruments non stérilisés, limes réutilisées sans désinfection, absence de gants : autant de pratiques qui favorisent le développement d’infections bactériennes ou fongiques. Des cas de complications sévères ont été signalés, allant de simples rougeurs à des infections nécessitant des soins médicaux.
L’absence de précautions et de formation adéquate se ressent aussi dans certaines pratiques à la mode. La manucure russe – qui consiste à retirer entièrement la cuticule et à poncer l’ongle en profondeur –, peut s’avérer dangereuse si elle est mal exécutée. Une mauvaise application peut entraîner des blessures et exposer l’ongle aux infections. Keyan, artiste ongulaire au Art Nail Bar Paris dans le 16e arrondissement, met en garde : « Certaines clientes viennent me voir avec des ongles complètement abîmés à cause d’une ponceuse mal utilisée. Ces pratiques agressives sont trop souvent réalisées par des personnes non formées. Pire encore, certaines clientes me disent qu’elles ont ressenti des douleurs, mais que la technicienne leur a assuré que c’était normal. »
Si de nombreux salons de nail art à Paris offrent des services de qualité, il est essentiel de redoubler de vigilance face aux arnaques et aux pratiques douteuses. Avant de prendre rendez-vous, il est conseillé de vérifier les avis en ligne avec un œil critique, en se méfiant des commentaires trop élogieux et génériques, d’exiger un devis précis avant toute prestation et de demander des explications sur d’éventuels suppléments. En multipliant les vérifications et en étant attentives aux moindres détails, les clientes peuvent éviter que leur séance de manucure ne vire au cauchemar.