Le cimetière de Lizy-sur-Ourcq, un petit village en Seine-et-Marne, abrite les tombes des 25 plus grandes familles circassiennes de France, tels que les Falck, les Bouglione, les Zavatta, les Gruss, les Cappello…, depuis plus d’un siècle.
Cimetière bien curieux que celui de Lizy-sur-Ourcq ! Dès l’entrée, son aspect insolite saute aux yeux : sur un site assez quelconque se dressent des chapelles d’une taille démesurée pour un petit cimetière rural. Une petite plaquette retrace les grandes lignes de l’histoire du lieu. C’est en 1843 qu’il ouvrit ses portes, sur un terrain donné par une famille notable de la commune. Son histoire étonnante commence en 1897 lorsque Marie-Louise Baglioni, mourante, décida d’être enterrée là où s’était arrêté le groupe de roulottes tziganes dont elle était membre. Son choix de reposer au point culminant de l’ossuaire était sûrement sa manière de pouvoir veiller sur ses descendants. Son père vint l’y rejoindre en 1913 : il s’agissait du forain Jean-Baptiste Bouglione. Ainsi, le cimetière de Lizy est devenu la nécropole de la célèbre famille de cirque.
Extrait de mon photoreportage sur le cimetière de Lizy sur Ourcq, lien ici
©Loane Gilbert
D’autres dynasties circassiennes y ont également acquis des concessions. Par exemple en 1904, Firmin Falck fut enterré un peu plus bas, revêtu de son costume de clown. Aujourd’hui, plus de 25 familles du spectacle y reposent, faisant de la petite nécropole, un petit Panthéon du cirque. Les sépultures, de taille généralement imposantes, témoignent de la religiosité gitane dans ce qu’elle a d’intime et de démesurée à la fois. Il existe de nombreuses tombes familiales dans le cimetière, mais la chapelle « patriarcale » est l’une des plus grandes. L’intérieur est richement décoré d’une mosaïque religieuse. Cependant, même au delà de leur morts, les défunts ne peuvent pas reposer dans une paix absolue… En effet certains malfaiteurs ont sévi dans ce cimetière, en passant par le simple vol de fleurs mortuaires, au vol des deux lions en marbre qui devaient garder ce caveau.
A travers les allées de terre et de pierres inégalement réparties, errant entre les tombes des défunts, trois personnes seulement bravent le froid hivernal. Parmi elles, une jeune femme à la peau brune, tout de noir vêtue, prend quelques clichés des caveaux majestueux et uniques des clans de forains. Non loin d’elle, le gardien du cimetière, le dos voûté par l’âge, perpétue sa ronde habituelle. Vers l’entrée du lieu sanctifié, une vieille femme aux cheveux blanchis par le temps, coiffée d’un chignon serré, se recueille sur une tombe et y dépose une magnifique gerbe de fleurs jaune-oranger. Quelques temps plus tard, une fois les visiteurs partis, le règne du silence reprend son investiture et vient enfin pleinement épouser l’image de paix éternelle…